Le parcours du combattant commence mal par la première tentative de pose de la chambre implantable sous anesthésie locale : après 45 minutes de charcutage ressentis avec acuité, et 2 veines disséquées pour rien, le chirurgien grogne contre la fragilité et la finesse de mon circuit veineux et décide de recommencer 2 jours plus tard sous anesthésie générale : il a réussi en passant par la jugulaire, ce qui me vaut 2 cicatrices pour le prix d’une. Aujourd’hui, le coup de bistouri dans le cou ne se voit plus du tout.
Début des festivités : Chimio le 2 Juillet 2020 : 3 cures de 5 jours toutes les 3 semaines.
A la 2ème cure, on couple la chimio avec la radiothérapie et en route pour 30 séances de rayons sur une bande couvrant environ 20 cms du haut des cuisses jusqu’ au-dessus du pubis. Au bout de la 10ème séance, coupeur de feu, respiration abdominale, pansement de gel apaisant, gel de lidocaïne, ovules, huile d’amande douce, morphine, ventilateur orienté, nudité, rien ne soulage les brûlures du 2ème et 3ème degrés qui tapissent la vulve et l’anus, de chair en lambeaux, de muqueuses pourpres turgescentes, prêtes à exploser. Les plis inguinaux à vifs et ulcéreux bordent le pubis – imberbe , désormais - et frottent à chaque pas… Un supplice qui dura tout de même 3 semaines avant que mon doux chirurgien du foie ne s’étonne de me voir en fauteuil roulant et alerte ma radiothérapeute de la gravité de ma radiodermite avancée … Pompier sans le savoir, mon sauveur qui passe ses journées en hépatectomies, fut le seul à mettre fin à ce calvaire en m’administrant des simples pansements de pommade en couche jusqu’à guérison des plaies.. Depuis , je vante les mérites de Sainte Flamazine.
3ème et dernière étape de ce 1er protocole de soin : la chirurgie du foie : on coupe 3 cms de diamètre pour une métastase de 3mm située sur le dôme hépatique ( en haut du segment VII : ouah quelle marge de sécurité ! Le chirurgien l’a multiplié par 10 ) et on brûle 2 autres métastases dans le foie avec une technique de radiofréquence.
Par la même occasion, on m’enlève la vésicule biliaire, parce qu’elle ne sert pas à grand-chose et en plus elle était pas en super état ! Délestée de quelques morceaux et surtout heureuse d’être normalement libérée de toute trace du crabe, je me projette dans les mois de convalescence et me prépare aux long mois de rééducation .
Après 15 jours d’hospitalisation, un bel hématome et un début d’abcès au foie, je rentre chez moi avec une capacité respiratoire diminuée par 2 , une ordonnance de séances de kiné pour récupérer du souffle, réapprendre à marcher et à renforcer la masse musculaire dépouillée de 8kgs ( que je suis toujours en train de récupérer 1an et 3 mois après!
Là je rigole plus : le post opératoire des chirurgies du foie a été particulièrement difficile et douloureuse. De plus, j’ai fait une extravasation ( la 2ème) : la morphine passait sous la peau ( d’où la main super gonflée, et pas dans les veines !) J’en étais à ma 3eme cicatrice sur 6 ( une belle balafre !)
J’ai mis 2 mois à m’en remettre et à pouvoir respirer sans avoir mal aux côtes et récupérer un peu de souffle. Par contre, la perte musculaire et la fatigue extrême ont duré longtemps.
A la fin de mon 1er protocole : nous sommes en Novembre Décembre 2020, j’ai perdu 8 kgs. J’ai fini mes 2 mois de morphine, et mes 3 mois de piqures anticoagulantes dans le ventre. Je suis très faible mais soulagée que tout soit terminé. Je pense que je n’ai qu’à me concentrer sur ma convalescence et je me prépare à la reprise d’une vie normale d’ici quelques mois. Cependant, j’attends avec un peu d’angoisse le contrôle du 18 Décembre 2020 où ma radiothérapeute doit me dire si les rayons ont bien éliminé la tumeur et ses bébés dans les ganglions ! Et oui, en cas d’échec, le spectre de la stomie plane toujours sur ma tête. De ce côté-là, grand soulagement lorsqu’elle prononce la phrase tant attendue : « vous êtes en réponse complète ». Je saute de joie – enfin non je n’arrive pas à sauter !- . Mon enthousiasme naïf sera de courte durée : c’était sans compter sur l’analyse du dernier scanner. Finalement, ce n’était pas qu’une simple formalité !
